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Les résidences à la malterie
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9 avril 2008

Kanttekeningen (dessins dans la marge)

Un projet chorégraphique de Wouter Krokaert.
Lumière: Caty Olive.
Son: Manuel Coursin.

Pensées du deuxième jour en résidence.

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Hyppolite dans “L’idiot” de Dostoïevski: « Vous savez que je suis venu ici pour regarder les arbres? Ceux-là. (Il montre les arbres dans le parc.) Ce n’est quand même pas ridicule, non?
Je me retrouve ici dans le studio avec un buisson. Avec deux buisson. L’un deux a des feuilles toutes fripées, pendantes comme des bouts de papiers apportés par le vent, accrochés aux branches. Le vent souffle. Le vent des ventilateurs. Puis le vent se couche. Est-ce qu’il se couche par terre? Où est-ce que le vent se couche? Est-ce qu’il a du poids quand il se couche? Est-ce que son poids pousse sur le sol? Le sol est dur. Je me lève. Je me penche. Les branches penchent. Un penchement. Une contraction. Des feuilles fermées, mais pas comme un poing, toutes molles. Néanmoins le vent n’a presque plus d’influence sur eux. Quelle est l’influence de ces buissons sur moi, sur ma présence à côté d’eux, sur la même scène? Quelle est la signification d’un homme à côté d’un buisson? Dans le parc de Lille Europe, des hommes attendent entre les buissons. Qu’est-ce qu’ils attendent? Est-ce qu’ils regardent aussi les arbres, comme Hyppolite, comme moi? Est-ce qu’ils trouvent ridicule de regarder les arbres? Ils me regardent, moi. Ils attendent quelque chose de moi. Je m’arrête devant un buisson et regarde les branches en fleurs, les hommes en fleurs. On s’intéresse pas à la même chose. Je suis un étranger entre les feuillages. Je me sens regardé. Qu’est-ce qu’on attend de moi? Qu’est-ce que les spectateurs attendront de moi, bientôt dans le studio de La Malterie? Je me penche, sous le poids du regard des spectateurs. Le poids.
Vous savez que je suis venu ici pour regarder un homme? Celui-là. Ce n’est quand même pas ridicule, non? Un homme qui se penche et qui se tend, qui se couche avec le vent.
Qu’est-ce que je montrerai? Qu’est-ce que je laisserai apercevoir? Pourquoi? Comment? Des questions traversent ma tête. Je me trouve ici tout seul maintenant, å l’absence des regards. J’ai du mal à voir moi-même ce que je fais. Mais tout ce que je fais ici, je le fais parce que je veux que ça soi vu plus tard.
Je suis confronté avec un vide, un vide qui pèse. Un vide qui sera bientôt remplacé par une présence très explicite. Le silence avant la tempête? Le temps passe. Pendant combien de temps une action peut être intéressante? À partir de quel moment une action devient intéressante? Une confrontation avec le temps. Un temps tellement différent de quand je dessine.

Wouter

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